(Théorie de la musique)
Cours d'harmonie - Page 2
par Michel Baron
Il s'agit de l'accord de trois sons dont la quinte est à la basse.
Chiffrage
Ce chiffrage unique cache en fait plusieurs utilisations musicalement très différentes, qu'on peut regrouper (pour simplifier) dans trois familles. Cependant, on rencontrera des utilisations constituant des variantes ou même des ambiguïtés entre deux familles.
Point commun à toutes
les sortes de quarte et sixte :
Dans la quasi-totalité des cas, bien que ce soit pour des raisons diverses
selon les familles, la bonne doublure est celle de la basse.
Au début des études d'harmonie, et pour épargner temps et complications, on peut considérer en pratique que tout accord de quarte et sixte doit pouvoir être apparenté de manière certaine à l'un des trois prochains cas suivants :
Quarte et sixte d'appoggiature (dite aussi: de cadence)
Elle a un rôle de ponctuation suspensive dans le discours musical.
Sa basse est placée sur le Ve degré. C'est en fait une double appoggiature précédant l'accord parfait du Ve degré, amenant le plus souvent une cadence (demi-cadence, cadence parfaite, ou cadence rompue).
En tant qu'appoggiature, elle est placée sur un temps fort, ou à la rigueur sur un temps plus fort que celui de sa résolution.
- On double la basse,
comme toujours.
- Il y a, en principe, deux mouvements obligés, pour bien traiter les
deux appoggiatures :
Basses données :
Si la quarte est entendue au soprano, on évitera de l'amener par mouvement direct avec la basse, ce qui s'écrit parfois difficilement à quatre voix. Cette arrivée directe est mieux tolérée entre la basse et une partie intermédiaire.
La meilleure manière d'arriver sur une quarte et sixte d'appoggiature est par mouvement contraire entre les extrêmes.
Chants donnés :
On ne peut pas préparer une fonction de dominante en la faisant précéder de la même fonction ! C'est pourquoi il faut absolument éviter de faire précéder la quarte et sixte d'appoggiature par un accord du Ve degré, renversé ou non, ou même tout accord faisant entendre la sensible. Cela "brûle" l'effet d'appoggiature de la sensible et constitue une gaucherie grave.
Cas particulier :
On rencontre parfois l'effet de quarte et sixte d'appoggiature sur le premier degré (et bien entendu sur temps fort). On en trouve de bons exemples dans les chorals de Bach. L'effet est généralement solennel.
Quarte et sixte de passage
Elle est un allégement de l'écriture, permettant d'obtenir une basse conjointe là où des accords de quinte et de sixte auraient donné une basse disjointe. On peut l'analyser comme un "accord de passage" entre une harmonie et son propre renversement. Observons que dans les exemples suivants, on aurait pu se contenter des accords I et V à l'état fondamental :
Elle est normalement placée sur un temps faible, mais on peut occasionnellement la rencontrer sur temps fort.
Il y a habituellement la possibilité d'entendre deux voix effectuant un échange par mouvement contraire et conjoint, et produisant la doublure de la basse pendant l'accord de quarte et sixte. Cet échange se produit le plus souvent entre la basse et le soprano, mais peut se produire entre la basse et toute autre voix.
La voix qui reste en place fait entendre habituellement une note tonale.
Certaines quarte et sixte de passage sont, plus rarement, causées par le mouvement conjoint d'une seule voix. Dans ce cas, on peut admettre de doubler une autre note que la basse :
Quarte et sixte de broderie
C'est la moins importante, musicalement. Elle n'a qu'un rôle ornemental, double broderie de l'accord parfait. Placée "en sandwich" entre deux accords identiques, elle revient donc normalement sur l'accord parfait mais peut aussi s'en échapper:
Autres types de quarte et sixte
Au fur et à mesure qu'on avancera dans les exercices, on rencontrera des quarte et sixte hybrides, apparentées par exemple à la fois à une quarte et sixte de passage et à une quarte et sixte de cadence.
Les cas suivants sont plus facilement remarquables, mais sont délicats à manipuler au début des études. De plus, leur emploi est loin d'être une grande urgence musicale. On aurait intérêt à ne pas s'y intéresser avant d'avoir bien assimilé ce qui précède, afin de ne pas nuire à la clarté des notions essentielles:
Quarte augmentée
Certains traités anciens énoncent la règle suivante: on ne peut écrire deux quarte et sixte consécutives que si la première quarte est augmentée. C'est en fait une allusion à l'emploi plus ou moins bien venu, en mineur, du deuxième renversement du IIe degré, avant la quarte et sixte d'appoggiature, au lieu du premier renversement II6 plus courant et plus clair.
Sixte napolitaine déguisée
C'est une variante de ce qui précède, la seule différence étant la présence de l'altération descendante propre à la sixte napolitaine. C'est encore un déguisement de l'accord II6, cette fois de sixte napolitaine en mineur, mais au second renversement. Il amène souvent la quarte et sixte d'appoggiature, et c'est, avec le cas précédent, une rare occasion où deux quartes et sixtes peuvent se succéder de manière justifiée.
Dans ces deux derniers cas, la plupart du temps, ces effets sont perçus comme un piège incohérent dans les basses données, alors que dans les chants donnés l'emploi de II6 demeure un choix plus adroit à recommander.
Moduler ne signifie pas changer de mode, mais changer de ton. Au cours d'une modulation, le changement de mode peut aussi se présenter, mais pas systématiquement. On change de ton en introduisant des notes modulantes qui font partie de la nouvelle tonalité et ne font plus partie l'ancienne.
Voici deux exemples simples: pour moduler au ton de la dominante on introduit la nouvelle sensible. Pour moduler une quinte plus bas, la nouvelle sensible ne suffit pas vraiment (puisque cette note fait déjà partie de la première tonalité): il faut faire entendre la nouvelle sous-dominante.
Basses chiffrées données
Lorsque l'auteur de la basse donnée quitte le ton de l'armature, il fait précéder les chiffrages par les altérations nécessaires (ou il indique l'altération seule si elle concerne la tierce). Par conséquent, les changements de tonalité sont explicitement indiqués dans les chiffrages. Les facultés d'observation et d'analyse sont les seules nécessaires mais il vaut mieux s'efforcer d'entendre ce qu'on lit. On déterminera ainsi la construction tonale de l'exercice et on le réalisera comme à l'ordinaire, en surveillant la correction des chromatismes qui peuvent se présenter lors des modulations (voir plus loin).
Chants donnés (et basses non chiffrées)
Les modulations ne sont pas forcément "visibles" au simple examen superficiel du texte: les notes modulantes ne font pas toujours partie du texte donné, à plus forte raison au moment précis de l'entrée dans le nouveau ton.
Le travail d'imagination auditive est alors déterminant: c'est la découverte par audition intérieure (audition mentale) des notes modulantes (soit à la basse soit dans des parties intermédiaires) qui va révéler les nouvelles tonalités et permettre une harmonisation musicalement satisfaisante.
L'audition intérieure est le seul moyen sûr de s'en sortir. La logique et le calcul peuvent amener plusieurs solutions possibles seulement du point de vue théorique, mais sans rapport avec la réalité musicale. Les choix de modulations intéressantes ne peuvent se faire que par les facultés d'audition et d'instinct musical (quitte à vérifier ensuite, si on veut, que la solution envisagée se présente bien selon une succession logique).
C'est cette activité auditive
intérieure qu'il faut développer (normalement, le cours de dictée à trois
voix l'a déjà fait), et non la logique, qui ne mène à rien à longue échéance
et n'a pas d'intérêt du point de vue musical. On utilisera mieux la logique
dans les exercices spécifiques faisant appel à la construction de marches
harmoniques.
Fausses relations
On appelle fausse relation une succession de deux notes produisant un effet gauche lorsqu'elles sont placées dans des parties différentes. Le plus souvent, il s'agit de notes qui auraient pu (si elles avaient été dans la même voix) produire un mouvement chromatique.
Fausse relation lors de mouvements chromatiques (par exemple lors de modulations)
Si une modulation est amenée par des enchaînements qui impliquent la possibilité d'un mouvement chromatique, il faut écrire ce mouvement chromatique dans une seule voix (au lieu de le répartir entre deux voix) sous peine de faire entendre une fausse relation. De plus:
1) Il faut éviter de doubler la note qui va être altérée. Ce n'est pas toujours possible, et souvent l'usage veut qu'elle soit doublée. Dans ce cas, on quitte sa doublure par mouvement contraire:
2) Inversement il faut éviter de doubler la note nouvellement altérée. Si ce n'est pas possible, ou si l'usage veut que ce soit une note à doubler, il faut arriver à l'octave par mouvement contraire:
Contrairement aux autres chapitres de cet ouvrage, chapitres conçus pour être utilisés dans leur ordre progressif, il a semblé plus pratique de regrouper divers exemples de fausses relations qu'on pourra rencontrer à diverses étapes des études. L'étudiant curieux pourra consulter d'abord sommairement ce qui suit, pour y revenir plus attentivement le moment venu.
Fausse relation de triton
Les traités interdisent la fausse relation de triton dans l'enchaînement V IV, lorsque la sensible est au soprano :
Par contre les mêmes traités ne trouvent rien à redire à la même fausse relation entre basse et soprano située dans l'enchaînement courant IV V :
C'est que l'interdiction dans le sens V IV est plus une préoccupation de style qu'un jugement absolu. Lorsque nous avons étudié les accords de quinte, nous avons préféré souligner que l'enchaînement V IV ne peut guère amener, le plus souvent, qu'un retour à V, ou une cadence plagale vers I .
Autres fausses relations usuelles
Fausse relation dans la sixte napolitaine
Dans l'exemple de gauche, la fausse relation existe et est admise. L'exemple de droite convient lorsque la basse reste en place pour amener un accord de triton (+4), et on double alors la sixte: l'une des sixtes monte, l'autre descend, conformément à la règle des doublures lors des mouvements chromatiques :
Fausse relation avec les septièmes de dominante
La fausse relation est usuelle et admise avec les 7e de dominante et leurs renversements, à plus forte raison lorsque la basse annonce une modulation à la suite d'un intervalle caractéristique, comme par exemple une quarte diminuée (exemple de droite):
Fausse relation entre les deux formes du mode mineur mélodique
La simultanéité des gammes mineures mélodiques ascendante et descendante, loin de produire une fausse relation désagréable, donne un effet très naturel (à réviser lorsqu'on abordera les 9e de dominante) :
C'est l'accord de 4 sons dont la fondamentale est placée sur le cinquième degré des deux modes.
Note: la construction de cet accord est identique en majeur et en mineur harmonique. Ne comportant pas de notes modales, la septième de dominante à elle seule ne suffit pas pour définir le nouveau mode, mais seulement le nouveau ton.
ChiffragesObservations
Ce chiffrage ne comporte jamais d'altérations ; la construction de l'accord est toujours la même : accord parfait majeur et septième mineure.
Le "plus" dans le chiffrage ( + ) indique que la note symbolisée par le chiffre à la droite du signe + est la sensible du ton (ou la sensible du nouveau ton s'il y a modulation). Lorsqu'il n'y a pas de chiffre à la droite du + il s'agit de la tierce (même convention que pour les altérations non suivies d'un chiffre).
Les chiffres barrés indiquent toujours un intervalle diminué. Ici il s'agit de la quinte (renversement du triton).
Doublures et suppressions
Le plus souvent on utilise l'accord complet, sans doublure. La seule doublure possible est celle de la fondamentale (on ne supprime pas et on ne double pas la sensible ni la note de septième). La seule note qu'on puisse supprimer est la quinte.
Note: pour cette raison, l'accord +6 est nécessairement complet.
Résolution naturelle
On appelle ainsi tout enchaînement de 7e de dominante se dirigeant sur l'accord du premier degré (quels que soient les renversements utilisés par les deux accords). Les notes du triton doivent se résoudre de la manière naturelle:
- La sensible doit
monter à la tonique.
- La note de septième doit descendre à la médiante.
Remarques
Les trois premiers états se résolvent sur l'accord du premier degré à l'état fondamental. L'accord +4 se résout sur le premier renversement.
Quant au second renversement ( +6 ), il peut avoir une résolution plus intéressante sur le premier renversement (succession +6 6). Dans ce cas la note de 7e doit monter conjointement pour ne pas doubler la basse de l'accord de sixte:
C'est le seul cas où la septième peut monter, dans la résolution naturelle. Ce n'est pas tordre le bras à la réalité que d'affirmer, de manière à peine simpliste, qu'au cours de l'histoire les compositeurs ont préféré dans cet enchaînement faire monter la note de septième plutôt que doubler la basse de l'accord de sixte.
Note: prendre garde que les notes du triton soient bien disposées en quartes pour ne pas faire entendre des quintes parallèles!
Voir aussi la page des modulations, sous-titres Fausses relations, "Septièmes de dominante".
Impossibilités
Cadences parfaites: on ne peut enchaîner l'accord de 7e de dominante (à l'état fondamental) à sa résolution naturelle en conservant les deux accords complets. Il faut faire un choix selon le contexte et supprimer la quinte d'un des deux accords (voir les deux premiers exemples, page précédente).
Il n'est pas possible d'enchaîner sans incorrection l'accord de 7e de dominante à l'accord du 1er degré au 1er renversement ( I 6 ) : la doublure de la note de résolution de la 7e (basse de l'accord de sixte) par mouvement direct est particulièrement lourde et toujours interdite, quels que soient les renversements.
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L'arrivée par mouvement direct
sur la doublure de la résolution d'une septième est toujours gauche et rigoureusement interdite, avec toutes les sortes de septièmes, dans toutes les voix, tous renversements ou positions. |
Échanges
L'accord de 7e peut changer de position ou de renversement avant de se résoudre. La note de 7e, ayant un caractère descendant, s'échange en principe en descendant.
Note: mais la 7e peut s'échanger en montant à la 9e.
On n'échange jamais la note de 7e contre la fondamentale. Le résultat musical est plat. Ne pas se laisser entraîner à cet échange fautif lors du déplacement fréquent, par broderie supérieure, de la 7e sur la fondamentale, avant sa résolution normale. Dans ce cas on se garde d'effectuer l'échange, sous peine de deux gaucheries inévitables en série : l'échange plat entre la 7e et la fondamentale, et la doublure de résolution par mouvement direct (comme dans l'exemple ci-dessus, dans n'importe quel renversement ou position).
Quintes consécutives permises
On tolère les quintes consécutives suivantes, parce que trois conditions sont présentes: l'une des deux quintes est diminuée, elles sont séparées par un échange de la septième, et... cet enchaînement convenait très bien à Mozart :
Basses données : pour les élèves qui auraient intérêt à apprendre à manipuler l'état fondamental ou un seul renversement à la fois, quatre séries de cinq courtes basses données, dans chaque état de l'accord de 7ème de dominante, de difficulté progressive mais comportant des résolutions naturelles et exceptionnelles, sont disponibles en format Harmony Practice.
Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 3a, exercices 131 et suivants. Quelques remarques : le 131 présente (probablement un oubli de l'auteur!) une résolution exceptionnelle. Le 132 présente une enharmonie à l'occasion d'une modulation. Le 133 propose des imitations brèves et simples entre basse et soprano. Le 134 demande à travailler les successions +6 6, et attention à la marche, dans la tonalité de do bémol majeur... Le 135 utilise dans presque tout son soprano le mouvement conjoint et le chromatisme.Chants donnés : Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 3a, exercices 151 et suivants. Les 155 et 156 sont délicats, les 157 et 158 me semblant un peu plus faciles.
Résolutions exceptionnelles
On donne cette ancienne appellation, discutable, aux nombreux autres enchaînements de septièmes de dominante se dirigeant vers d'autres accords que le premier degré. Très souvent, ces enchaînements amènent des modulations inattendues et intéressantes, même si les notes du triton ne sont pas toujours résolues normalement. On les résoud alors selon l'un des cas suivants, et en principe jamais de manière disjointe :
- Même mouvement
de résolution que dans la résolution naturelle, par demi-ton ou même par
ton.
- Pas de mouvement, la note peut être maintenue en place.
- Mouvement inverse de celui naturel, plus probablement par demi-ton
(chromatisme).
Les seules manières de quitter une note de septième par mouvement disjoint sont :
- Échange de la septième avec une autre note de l'accord (de préférence en descendant).Impossibilité
À l'état fondamental, on ne peut presque jamais enchaîner sans faute deux accords de septième complets en relation de quinte descendante. Il faut supprimer la quinte dans l'un des deux accords. Il en résulte que dans une marche harmonique d'accords de 7e en quintes descendantes et à l'état fondamental, un accord sur deux sera incomplet.
Conseils pour les chants donnés
Dans les chants donnés, il peut être bon de se rappeler qu'un saut de quarte ascendante peut souvent être harmonisé par l'enchaînement triton-sixte; mais il y a théoriquement deux tonalités possibles (quatre avec leurs tonalités homonymes mineures). L'oreille et le goût en fonction du contexte sont seuls juges.
En général, seulement l'un des deux tons s'impose immédiatement à l'harmoniste. Une fois n'est pas coutume, il est admissible au début de s'aider du raisonnement logique pour découvrir l'autre ton, à distance de quinte.
Septième de dominante
sans fondamentale
C'est l'accord de trois sons placé sur la sensible des deux modes. C'est aussi les trois notes supérieures de la septième de dominante. Ces notes conservent leurs noms et en principe conservent leurs règles de résolution.
Note: ne pas confondre cet accord avec celui du IIe degré mineur.
Chiffrages
Remarques
Cet accord se présente surtout comme une commodité d'écriture pour un allégement de l'harmonie ou des lignes mélodiques. On observera et retiendra surtout les positions et renversements les plus fréquemment utilisés (encadrés ci-dessus).
Doublures
On double habituellement la quinte. Cependant, dans l'accord de sixte sensible sans fondamentale (exemple 4 ci-dessus) on peut aussi doubler la septième; dans ce cas, l'une des deux septièmes se résout normalement, l'autre monte conjointement. Pour retenir l'usage "libéral" de cette doublure et lui trouver une justification, on remarquera que l'accord ressemble passablement à un accord de sixte.
On désigne sous cette curieuse appellation l'ensemble des accords de septièmes dont la fondamentale n'est pas sur la dominante: c'est une abbréviation pour ne pas dire : les septièmes de différentes espèces. La principale différence avec les septièmes de dominante est que les septièmes d'espèces ne comportent pas de sensible.
Chiffrages
Préparation
La note de 7e doit être préparée, c'est à dire entendue dans l'accord précédent et prolongée sur la dissonance de 7e par une liaison. La préparation doit avoir une durée au moins égale à la durée de la note de 7e. Cette règle de préparation est à observer rigoureusement dans les basses données classiques. Ce n'est plus une obligation stricte (de même que la liaison) dans les chants donnés de style plus récent.
Résolution naturelle
Comme chez les 7e de dominante, la résolution naturelle se fait sur l'accord de 3 sons dont la fondamentale est une quinte plus bas (ou une quarte plus haut). Comme chez les 7e de dominante également, la note de 7e se résout régulièrement en descendant par mouvement conjoint, même si on peut la faire passer auparavant par une autre note de l'accord (souvent en broderies sur la fondamentale, cette octave de broderie n'étant pas fautive si c'est la seconde octave de deux octaves consécutives).
Résolutions exceptionnelles
Toutes les autres sortes de résolutions sont dites exceptionnelles, même si la note de 7e descend conjointement comme dans la résolution naturelle. La résolution peut se faire :
- par mouvement descendant
comme dans la résolution naturelle,
- sans mouvement, la note de 7e restant en place,
- par mouvement ascendant, plus souvent par demi-ton.
Impossibilités
Comme chez la 7e de dominante, on ne peut pas enchaîner en cascade de quintes descendantes des accords complets de 7e d'espèce en position fondamentale : il faut choisir de supprimer une note (généralement la quinte) dans un accord sur deux.
Comme chez la 7e de dominante, il ne faut pas doubler par mouvement direct la note de résolution de la 7e, quels que soient les renversements des accords.
Comme chez la 7e de dominante, même en style libre on n'échange pas la note de septième contre la fondamentale.
Doublures
On ne peut pas doubler la quinte, ce qui amènerait la suppression de la tierce. Les seules notes à doubler, en cas d'accord incomplet, sont la fondamentale ou la tierce.
Il n'est pas possible de doubler la note de 7e en raison de son mouvement obligé. Toutefois cette doublure est admise si les deux septièmes sont doublement préparées et résolues:
Note: ces exemples précédents se justifient plutôt par le fait qu'il ne s'agit pas de véritables accords de septièmes. Une analyse plus large verrait des notes de passage en dixièmes entre la basse et l'alto.
Conseils
Chez la plupart des étudiants, l'audition intérieure des septièmes d'espèces est probablement un des moments les plus délicats (et décisifs) des études d'harmonie. Les neuvièmes de dominante sont habituellement jugées plus faciles à entendre. Il ne faut donc pas se décourager en travaillant les septièmes d'espèces, car il s'agit très probablement, pour la plupart des étudiants, du dernier élément important pouvant présenter des difficultés d'assimilation.
Dans les basses données, il est souvent adroit de placer la note de 7e au soprano.
Quand on harmonise un chant, se rappeler que les 7e d'espèces sont souvent utilisées sur le IIe ou le IVe degré, précédant le Ve degré, exactement comme le font les accords de 3 sons des mêmes degrés.
Dans un chant, lorsqu'on ressent une difficulté d'harmonisation, c'est souvent parce qu'on cherche à placer une 7e de dominante un temps trop tôt. Il faut essayer de la placer un peu plus tard et de l'amener en la faisant précéder d'une 7e d'espèce. Parfois, deux espèces de 7e peuvent convenir de manière tout à fait satisfaisante. C'est affaire de choix et de contexte.
Dans une basse non chiffrée, mais surtout dans un chant portant spécifiquement sur les 7e d'espèces, lorsqu'une note est prolongée sur le temps suivant, on peut souvent se douter que cette note pourrait être la préparation d'une septième, puis la septième. Ne penser à ce conseil qu'en cas de difficulté grave et bien vérifier auditivement: ce ne sont pas toutes les liaisons ou valeurs longues qui aboutissent à un accord de 7e !
Dans les chants donnés, ne pas oublier que la note de 7e peut passer par une autre note de l'accord, généralement la fondamentale, avant de se résoudre en descendant. Ne pas en faire l'échange dans ce cas, car on ne pourrait plus résoudre l'autre note de septième sans faire d'incorrection.
Lorsqu'on écrit une syncope simultanée à la basse et au soprano, il y a des chances que la meilleure harmonisation du temps le plus fort comporte une dissonance de 7e d'espèce.